Antigone, figure atemporelle de Résistance, voir l'étude menée avec les élèves (cahier de grec) en cours de grec et d'arts plastiques.Mme Manson
Antigone
appartient aux légendes attachées à la ville de Thèbes. Elle est l'une des
enfants nés de l'union incestueuse du roi de Thèbes Œdipe et de sa propre mère,
Jocaste. Antigone est la sœur d'Ismène, d'Etéocle et de Polynice. Elle fait
preuve d'un dévouement et d'une grandeur d'âme sans pareils dans la mythologie.
Quand son père est chassé de Thèbes par ses frères et quand, les yeux crevés,
il doit mendier sa nourriture sur les routes, Antigone lui sert de guide/
cf. sculpture Musée d'Orsay. Elle veille sur lui jusqu'à la fin de son
existence et l'assiste dans ses derniers moments. Puis Antigone revient à
Thèbes. Elle y connaît une nouvelle et cruelle épreuve. Ses frères Etéocle et
Polynice se disputent le pouvoir. Ce dernier fait appel à une armée étrangère
pour assiéger la ville et combattre son frère Etéocle. Après la mort des deux
frères, Créon, leur oncle prend le pouvoir. Il ordonne des funérailles
solennelles pour Etéocle et interdit qu'il soit donné une sépulture à Polynice,
coupable à ses yeux d'avoir porté les armes contre sa patrie avec le concours
d'étrangers. Ainsi l'âme de Polynice ne connaîtra jamais de repos. Pourtant
Antigone, qui considère comme sacré le devoir d'ensevelir les morts, se rend
une nuit auprès du corps de son frère et verse sur lui, selon le rite, quelques
poignées de terre. Créon apprend d'un garde qu'Antigone a recouvert de
poussière le corps de Polynice. On amène Antigone devant lui et il la condamne
à mort. Elle est enterrée vive dans le tombeau des Labdacides. Plutôt que de
mourir de faim, elle préfère se pendre. Hémon, fils de Créon et fiancé
d'Antigone se suicide de désespoir. Eurydice, l'épouse de Créon ne peut
supporter la mort de ce fils qu'elle adorait et met fin elle aussi à ses jours.
Elle a inspiré de nombreux dramaturges comme Sophocle et Anouilh. La version d'Anouilh est une réécriture de celle de Sophocle.
De nombreux points communs existent entre ces deux pièces de deux auteurs différents ! L'histoire reste la même, une fille doit mourir à cause d'une loi prononcée dont elle ne tiendra pas compte. La tragédie se passe toujours à Thèbes, les personnages restent les mêmes à part que dans la pièce d'Anouilh, le prologue est une nouveauté qui insiste à propos de la fatalité que tout le monde connait déjà, ce qui permet au public de prendre de la distance par rapport à la pièce et à son dénouement.
Il existe cependant de nombreuses différences au niveau de ces deux pièces : une différence d'époque, celle d'Anouilh est plus moderne, une différence de caractères des personnages : la réhabilitation de Créon qui va même jusqu'à essayer de sauver Antigone, le doute auquel il aura à faire face lorsqu'il ne se souvient même plus qui est Etéocle de Polynice. Le fait aussi qu’ Antigone ne soit plus aussi rassurée qu'au début sur le fait de mourir pour l'honneur de son frère,
Le dramaturge Anouilh introduit du comique au sein de sa pièce, notamment au passage entre Antigone et Le Garde ; l'une se prépare à mourir pendant que l'autre se préoccupe de son éventuel augmentation...
Antigone figure atemporelle de la Résistance
Antigone a ainsi
inspiré de nombreux auteurs dramatiques. En 1944, sous l'occupation allemande,
Jean Anouilh fait d'elle une figure de la résistance à l'oppression.
Antigone incarne le
symbole de la Résistance.
Le
personnage d’Antigone est l’allégorie* de la Résistance
Le philosophe Hegel parle d’elle comme « la plus noble
figure qui soit apparue sur la terre. » On comprend que cette admiration
de la part des écrivains ait pu être à l’origine de nombreuses réécritures.
Antigone de Jean Anouilh Pièce écrite en 1942, en pleine occupation
allemande et au début des déportations massives de juifs par l'administration
française. C'est aussi cette année-là que naissent les «Éditions de Minuits»
regroupant les auteurs qui refusent d'être publiés dans les revues «collabo».
Contexte
historique : France
occupée au moment de la première représentation
Contexte
artistique :
Beaucoup de dramaturges de l’époque puisent leur inspiration dans les mythes
antiques (ex : Orphée de Jean Cocteau). Le héros antique
prisonnier de son destin fait tristement écho à l’individu du XXème siècle
menacé par la guerre et la montée des périls.
Créon apparaît donc comme une figure du
maréchal Pétain et Antigone est une figure possible de la
Résistance.
La
majorité des spectateurs
ont vu dans la pièce un éloge de la Résistance [ Antigone s’oppose à
l’ordre établi et ose se battre pour ce qu’elle croit juste quelles que soient
les conséquences, elle refuse l’idée d’un gouvernement qui ment, oppresse,
réduit les hommes à l’état d’animal (sort réservé à la dépouille de Polynice…)]
Tout
le monde saluera la petite Antigone, et verra en elle, le symbole de la
résistance Française. Elle est celle
qui dit non; elle incarne à elle seule le devoir de
désobéissance dont on reparlera tant lors du procès Papon. Intimement
convaincue que la loi de Créon est mauvaise, Antigone édicte ses propres règles
et est prête à mourir pour ses idées. Nous sommes donc nombreux à voir en
Antigone, un hommage à toutes les voix qui s'élèvent contre l'oppression et la
barbarie.
La littérature engagée renvoie en règle générale à la
démarche d'un auteur (poète, romancier, dramaturge…) qui défend une cause
éthique*, politique, sociale ou religieuse, par et dans ses œuvres. On dit d’une œuvre qu’elle est engagée
lorsqu’elle présente certaines opinions ou prises de position de son auteur sur
un sujet donné. Par le biais de son
texte, un écrivain peut critiquer certains aspects de la société, dénoncer une
situation qui le dérange ou encore défendre une cause qui lui tient à cœur.